Un vaccin prometteur contre le paludisme accessible en 2018 ?
Un vaccin prometteur contre le paludisme accessible en 2018 ?
Face aux modestes succès des candidats vaccins contre le paludisme, de nouveaux traitements préventifs doivent être testés. Des chercheurs japonais s’y attellent et les premières phases de l’essai clinique qu’ils mènent suggèrent une protection de l’ordre de 40 à 50 %, ainsi qu’une diminution de l’intensité des symptômes.
Le paludisme frappe toujours sévèrement l’Afrique et l’Asie. L’OMS
estime que plus de 600.000 personnes en meurent chaque année,
principalement de jeunes enfants. Les efforts investis ces dernières
années ont porté leurs fruits, en faisant reculer l’incidence de la
maladie. Mais les prémices de la résistance aux traitements couplés à une diminution des moyens déployés, pourraient anéantir les dernières avancées.
L’une des pistes envisagées de longue date est celle de la vaccination. Un candidat semble avoir un peu d’avance : le vaccin RTS,S
des laboratoires GlaxoSmithKline. Offrant une protection de l’ordre de
43,6 % durant la première année après l’injection, des résultats récents
ont montré que son efficacité était réduite à néant quatre ans après administration. Le succès est donc vraiment relatif.
Les scientifiques poursuivent leur quête, afin de
proposer un vaccin plus efficace. La concurrence pourrait venir du
Japon. Les premières phases d’un essai clinique piloté par des
chercheurs de l’université d’Osaka
confirment la sûreté d’un vaccin nommé BK-SE36, et montrent son effet
protecteur sur un effectif réduit. Les investigations vont donc être
poursuivies.
Le Plasmodium, en forme de banane,
est l'agent responsable du paludisme. C'est un unicellulaire qui
commence son développement dans le moustique et qui est transmis à
l'Homme lors des piqûres de l'insecte. © Ute Frevert, Wikipédia, cc by 2.5
Des anticorps en plus, des cas de paludisme en moins
Ce produit BK-SE36 se compose de l’antigène 5 (ou Sera5) du Plasmodium, parasite causant le paludisme, mélangé à un gel d’hydroxyde d’aluminium.
Déjà testé sur des adultes japonais dans une étude précédente, il
s’était révélé être sans danger chez ces individus. Il a désormais été
éprouvé auprès d’un panel plus large d’enfants et d’adultes habitant
Lira, la troisième plus grosse ville de l’Ouganda, où la parasitose sévit.
La vaccination consistait en deux injections, séparées de 21 jours. Deux doses différentes étaient testées, et un groupe placébo
a reçu une solution saline. Une fois encore, les effets indésirables
constatés se sont révélés discrets, à l’exception d’un homme se
plaignant de fortes douleurs. Les résultats parus dans Plos One montrent que 42 jours après la première piqûre,
les taux d’anticorps dirigés contre Sera5 avaient significativement
augmenté, surtout chez les volontaires ayant reçu la dose la plus forte.
Le produit favorise donc l’immunité contre cette protéine parasitaire.
Lors d’un suivi à plus long terme, 29 des 66 membres du groupe placébo
ont déclenché les symptômes du paludisme après avoir été infectés. À
titre comparatif, 17 personnes vaccinées sur 66 sont tombées malades,
parmi lesquelles 7 sur 33 ayant reçu la forte dose de vaccin. Le BK-SE36 pourrait réduire fortement les risques d’attraper le paludisme.
Un vaccin contre le paludisme disponible en 2018 ?
L’efficacité n’est pas exceptionnelle et demande à
être vérifiée à plus grande échelle encore. La durée de protection n’a,
quant à elle, pas encore été estimée. Des années de recherche sont
indispensables afin de le comparer au vaccin RTS,S.
Mais du côté de Toshihiro Horii, directeur de
l’étude, l’optimisme règne. Il table sur une utilisation à grande
échelle dans cinq ans, après qu’ils auront mené des essais cliniques
sur des enfants entre zéro et cinq ans. Les chercheurs ciblent
particulièrement cette population car ils souhaitent réduire la
mortalité de la parasitose. Verra-t-on arriver un vaccin efficace contre le paludisme en 2018 ? Le rendez-vous est pris.
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