e-mail: cours.de.medecine@hotmail.fr

Pourquoi a-t-on si peu de souvenirs d'enfance ?!


 

Il est quasiment impossible de se rappeler son premier repas car les neurones des jeunes enfants se multiplient considérablement et ne permettent pas aux souvenirs de s'ancrer durablement dans la mémoire.


La création frénétique de neurones chez les enfants de moins de 3 ans pourrait expliquer la difficulté à se rappeler cette période à l'âge adulte. 

C'est une question qui intrigue les scientifiques depuis longtemps: pourquoi n'avons-nous aucuns souvenirs de notre petite enfance? Paul Frankland et Sheena Josselyn de l'Hôpital pour enfants malades de Toronto, au Canada, pourraient avoir la réponse à ce mystère: la multiplication importante des neurones avant l'âge de trois ans modifierait les circuits cérébraux associés à la mémoire, entraînant une perte des souvenirs créés pendant les premières années de vie. Ils ont présenté leurs résultats le 24 mai, lors de la conférence annuelle de l'Association canadienne des neurosciences, à Toronto.

Les chercheurs ont testé leur hypothèse sur des souris, qu'ils ont soumises au labyrinthe de Morris, un dispositif souvent utilisé pour évaluer la mémoire du rongeur. Dans ce test, l'animal doit retrouver son chemin jusqu'à une plateforme située hors de l'eau. L'équipe du Dr Fankland a remarqué que les souriceaux gardent en mémoire le chemin à parcourir pendant 24 heures environ. En empêchant la production de neurones dans l'hippocampe, une région du cerveau connue pour son importance dans l'apprentissage et le souvenir, les chercheurs ont constaté que les jeunes souris pouvaient se remémorer le chemin pendant plusieurs jours. Au contraire, en favorisant la neurogénèse, la multiplication des neurones, chez les souris adultes, ces dernières oubliaient comment sortir du labyrinthe.


Pour Daniel Gérard, responsable du service de psychiatrie infantile à l'hôpital Pierre Wertheimer, à Bron, ces résultats sont très intéressants. «La mémoire n'est pas quelque chose de fixe, c'est un processus actif et dynamique. Lorsque le bébé naît, son cerveau n'est pas encore mature au niveau neuronal, explique-t-il, car de nouveaux neurones vont se créer. En se mettant en place, ils vont déstabiliser les souvenirs existants. Nous savons maintenant que lorsque l'enfant grandit, le nombre de connexions neuronales diminue pour sélectionner les chemins neuronaux les plus efficaces.» Avec toute cette restructuration cérébrale, «le cerveau doit oublier où il a stocké les informations», ajoute Paul Frankland. Pour créer un souvenir qui persiste, il faut donc répéter encore et encore la chose à mémoriser, pour bien l'inscrire dans la mémoire, «sans oublier l'importance du sommeil qui stabilise les souvenirs» précise Daniel Gérard.

Les souvenirs d'enfants ne sont pas fiables

 

Que ce soit chez l'adulte pour comprendre des traumatismes passés ou chez les plus jeunes pour récolter leur témoignage dans des affaires judiciaires impliquant généralement des violences ou attouchements sexuels, les souvenirs d'enfance sont très sollicités. «Il faut adopter la plus grande prudence à leur égard, alerte le praticien, car les souvenirs rapportés ne sont pas toujours fiables et souvent parcellaires, surtout avant 7 ans, explique-t-il. Ils peuvent paraitre peu crédibles, alors qu'il s'est manifestement passé quelque chose».

Ces résultats remettent en questions la plupart des théories actuelles sur l'amnésie infantile, c'est-à-dire l'absence de souvenirs avant trois ans, qui lient la capacité à se souvenir d'évènements à long terme avec le développement de la parole et la conscience du soi. L'équipe canadienne espère confirmer l'importance de la neurogénèse dans l'amnésie infantile, grâce à des petits patients souffrant de tumeurs cérébrales. Leurstraitements ayant pour effet secondaire de ralentir l'apparition de nouveaux neurones, les chercheurs regarderont si, chez ces enfants, le souvenir de ce qu'ils ont vécu juste avant la chimiothérapie est pérservé.

Source : LeFigaro



0 commentaires :